Impliquer les salariés pour les fidéliser, une utopie ?

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La cuma la Vallée de la Sèvre ne gère plus de la main-d'œuvre mais des ressources humaines. Elle bénéficie aujourd’hui de cinq salariés aux talents complémentaires, qu’elle implique dans la vie du groupe.

Une cuma sur quatre emploie un salarié permanent sur le territoire de l’Union des cuma des Pays de la Loire. Ainsi, près de 500 salariés travaillent pour les cuma.


Selon l’organisation du groupe, le management diffère d’une cuma à l’autre. Témoignages de la cuma la Vallée de la Sèvre à Sèvremont (85)
avec Florent Préaud, agriculteur élu responsable salariés au conseil d’administration, et Anthony Sachot, chef d’atelier.


Quelle évolution a vécue la cuma depuis 30 ans ?


Florent Préaud. Le premier emploi permanent s’est réalisé avec François, il y a 30 ans. La cuma d’origine a fusionné avec la voisine dix ans plus tard. Elle avait aussi un salarié et nous avons fonctionné ainsi plusieurs années. Au fur et à mesure des renouvellements de matériels, les groupes de travail fusionnent mais cela prend du temps. Nous avons créé de nouvelles activités pour répondre à l’évolution des besoins des adhérents avec plus de prestations complètes. En 2024, nous employons cinq chauffeurs mécaniciens, soit quatre ETP et demi.

En CA, nous abordons les sujets d’organisation, de binôme de compétences, d’évolution dans les tâches.

Florent Préaud, Responsable salariés

Comment le regard sur les salariés a-t ‘il changé ?

F. P. Au sein du conseil d’administration, la discussion sur les salariés a changé. Avant, nous discutions des machines et de la main-d’œuvre. Depuis déjà plusieurs années, il y a un élu responsable salariés qui porte le sujet à chaque conseil d’administration. Désormais, nous abordons les sujets d’organisation, de binôme de compétences, d’évolution dans les
tâches qui leur sont confiées, afin de les impliquer dans la vie de la cuma, dans l’objectif qu’ils y soient bien, pour les fidéliser.

Les agriculteurs souhaitent un service de performance et les idées de chacun nous amènent à obtenir ce résultat.

Anthony Sachot, Chef d’atelier

Quel est le rôle du chef d’atelier ?

Anthony Sachot. Embauché en 2017 en tant que chauffeur mécanicien, on m’a confié la responsabilité de coordonner mes collègues quatre ans plus tard. Je ne souhaite pas intervenir de façon directive. Je recense les besoins qui remontent des adhérents et des salariés. J’essaie d’organiser pour le mieux tout en écoutant les propositions des collègues. Les agriculteurs souhaitent un service de performance et les idées de chacun nous amènent à obtenir ce résultat. Nous avons tous des compétences et expériences différentes.
Les salariés sont compétents et complémentaires, cela est agréable à gérer en interne. Cette dynamique se voit de l’extérieur, ce qui nous permet de développer encore plus de services clé en main pour les adhérents.

Quelle évolution dans 10 ans ?

F. P. Les exploitations délèguent de plus en plus et cela va continuer. La cuma doit répondre à ces sollicitations à un coût maîtrisé. L’évolution portera aussi sur les compétences à proposer que les agriculteurs ne pourront pas toutes maîtriser : innovations technologiques, cartographie pour tendre vers des rendements optimisés… La cuma devra s’adapter à toutes les agricultures afin de garder une cohérence entre adhérents.
Pour cela, l’équipe devra avoir des connaissances plus larges, plus poussées. Pour développer ces évolutions, il faudra des agriculteurs et des salariés impliqués, qui participent aux projets de la cuma.
Leur adhésion amène une dynamique collective que rien ne pourra arrêter.

Frédéric DUVAL Spécial Entraid Janvier 2024