Bien partagé pour mieux rayonner
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Lorsque l’on parle de partage de matériels entre agriculteurs, le sujet de leur disponibilité est un des points centraux. Les plus interrogatifs l’évoquent clairement comme un facteur de risques, une contrainte. Sur la base du quotidien de sa cuma, Stéphane Camembert présente un point de vue tout à fait contraire.
La saison des foins venue, la cuma de Cérans (72) démontre que de bonnes méthodes de travail collectif optimisent l’accès au matériel. Sa réussite passe essentiellement par de la communication entre les membres concernés. Certains adhérents détiennent leur propre faucheuse. Avant de la mettre en action dans leur prairie, ils sont néanmoins tenus de contacter le responsable, histoire de s’assurer de la disponibilité de la presse. Un coup d’œil dans le règlement intérieur de la coopérative révèle ainsi qu’elle a su apporter du cadre pour un bon suivi de ses outils.

Quatre bennes de 12 à 24 T, et sans doute une cinquième bientôt
L’activité de transport est importante à la cuma de Cérans. Stéphane Camembert, son président, explique : Deux unités de méthanisation sont arrivées. « En pleine saison d’ensilage, il arrive que nos quatre bennes soient utilisées en continu sur plusieurs semaines. » Bien que la 24 t soit toujours en cours d’amortissement, la cuma a ouvert la réflexion pour l’acquisition d’un cinquième équipement qui détendrait l’organisation. Évoquant un budget de 40 000 €, le responsable imagine que le choix ira sans doute vers un modèle de 18 t. « La logique est de continuer à répondre aux besoins de tous les adhérents », affirme Stéphane.

Sur son exploitation, Stéphane Camembert a toujours voulu rationaliser les charges, en essayant de privilégier les activités qui rapportent. Pour lui, la cuma est indispensable pour maîtriser ses coûts de mécanisation. Et avec de l’organisation, ça fonctionne.
La chasse aux temps morts
« Lorsque l’on utilise du matériel de cuma, il est indispensable de planifier
son organisation du travail », juge le dirigeant. Le groupe sarthois impose
cette rigueur naturellement. En période de gros travaux, il limite l’utilisation de ses deux tracteurs de 180 ch et 130 ch à trois jours maximum. Les adhérents acceptent aussi de travailler le weekend, tandis que la cuma leur demande d’éviter les temps d’inactivité du matériel. Stéphane Camembert prend un exemple : « Avec mes poules pondeuses, je ne suis pas disponible le matin. Les jours où j’ai besoin d’un outil, je peux
m’arranger avec un collègue pour qu’il soit valorisé pendant ce temps. » La proximité géographique des membres est un paramètre qui facilite les déplacements et limite les temps perdus. « Depuis deux ou trois ans, nous avons opté pour l’outil Mycuma Planning. Notre objectif premier était de réduire le temps passé par les responsables au téléphone, parfois à des horaires un peu limite », poursuit le représentant. Tous les adhérents l’utilisent. « Nous aurions aujourd’hui du mal à revenir en arrière. » L’outil permet de réserver le matériel. Il apporte aussi de la transparence.
Chacun voit qui utilise l’outil, quand et pour quelle durée. Stéphane Camembert constate un autre phénomène : il incite les adhérents à planifier. « J’ai remarqué pour l’ensilage, que lorsque le premier adhérent réserve les bennes, les autres suivent rapidement. »
L’amélioration continue
« Il ne faut pas être à contre-courant et écouter les jeunes motivés par ces nouvelles technologies », conclut le président qui imagine que le groupe évoluera vers la saisie automatisée des bons de travaux à la sortie de la parcelle. « Cela faciliterait la facturation et le suivi de l’activité de chaque outil. » Ainsi les cumistes à Cérans se partagent les outils et maîtrisent leurs charges de mécanisation. Les huit agriculteurs du groupe tracteurs par exemple, seront facturés 23,50 €/h, après la hausse de 1,50 € décidée pour financer les améliorations des installations et du service.
En chiffres
25 adhérents principaux, de Cérans et des communes limitrophes, sollicitent la cuma pour un chiffre d’affaires de
144 000 €.
Au centre d’un parc très complet (mais sans automoteur de
récolte), les deux tracteurs sont facturés au même tarif. Le tracteur de tête réalise 700 h/an.
La cuma achève la construction d’un hangar atelier de 640 m2 avec panneaux photovoltaïques.
Philippe COUPARD Spécial Entraid Janvier 2025