S’installer en cuma : « que du plus ! »
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Avant son installation, Maxime Bignon connaissait vaguement les cuma et n’avait pas d’avis sur le sujet. À l’inverse, Jean-Philippe Maignan, lui, était convaincu de vouloir s’installer sur une exploitation ayant peu de matériels en propre afin de limiter les coûts, et de déléguer certains chantiers.
Une journée d’accueil
L’idée d’une journée d’intégration au sein des cuma se répand à travers les campagnes. Le fonctionnement d’une cuma n’est pas forcément connu des nouveaux adhérents. Il est donc nécessaire d’accueillir aussi bien les nouveaux adhérents, que les nouveaux associés des Gaec déjà adhérents. Expliquer l’organisation de la cuma, la réservation du matériel ou encore la facturation est essentiel pour éviter les malentendus, mais aussi montrer l’ampleur des services proposés par la cuma.
C’est également l’occasion d’inviter de nouveaux installés qui n’auraient pas considéré la cuma dans leur stratégie d’exploitation.
À l’arrivée de Maxime Bignon sur l’exploitation en 2011, aux côtés de son ancien associé aujourd’hui retraité, la ferme était déjà adhérente à la cuma de l’Etiffé à Derval (Loire-Atlantique). Elle possédait très peu de matériels : deux tracteurs, une petite désileuse, une remorque 10 t et du matériel de fenaison en copropriété.
Le reste des travaux était réalisé avec du matériel de cuma, voire en prestation complète. Maxime a vite été séduit par le modèle et s’est depuis investi dans plusieurs cuma du secteur, ainsi qu’à l’Union des cuma des Pays de la Loire, en tant qu’administrateur de la section 44.
une installation peu coûteuse
L’énorme avantage de cette stratégie en cuma quasi intégrale : un investissement réduit en tant que nouvel associé. Elle lui permet de ne pas, ou peu, s’endetter à titre individuel et d’avoir le soutien des banques facilement. C’est aussi la garantie de pouvoir prendre directement 50 % des parts (dans le cas d’un Gaec à deux associés) et d’éviter les tensions qui pourraient apparaître en cas de déséquilibre.
La comparaison est simple, la facture cuma de l’exploitation s’élève à
30 000 €/an, ce qui correspond par exemple au niveau d’amortissement
d’un tracteur de forte puissance et d’une charrue.
Aujourd’hui, la ferme est à peine plus équipée qu’à l’arrivée de Maxime, alors que le troupeau et le foncier se sont agrandis. Un nouveau
tracteur acheté d’occasion a simplement rejoint le parc matériel.
Les associés le savent, c’est un atout non négligeable pour la transmission de leur exploitation ! Dans l’estimation de la valeur de la ferme, c’est le matériel qui représente la plus petite part, aux côtés des bâtiments, des installations techniques et du cheptel (100 vaches prim’holstein).
La maîtrise des charges de mécanisation est importante pour Maxime Bignon et Jean-Philippe Maignan, qui en font un suivi régulier.
Cette réflexion permanente leur permet de définir une stratégie efficace par rapport à leur système d’exploitation.
Intégration locale
« Pour s’intégrer dans une commune, c’est soit la cuma, soit l’école des enfants ! », ironise Maxime. Au moment de son installation à Derval, il n’avait pas d’enfant. C’est donc la première qui lui a permis de tisser
du lien social.
Encore aujourd’hui, et pour tous les adhérents, la cuma constitue un lieu de rencontres et d’échanges de pratiques et d’expériences. « Les réunions de planning durent normalement quinze minutes mais on reste souvent une heure », explique l’éleveur. Les adhérents partagent leurs questionnements, leurs doutes et leurs réussites techniques. C’est aussi le lieu d’où émanent des idées, des projets collectifs, tels que la création d’une nouvelle activité ou l’organisation d’une journée d’accueil pour les nouveaux adhérents.
Caroline QUINTELA Spécial Entraid Janvier 2023